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ne sont ni riches, ni puissants, ni pauvres, ni dépendants, la classe moyenne a le plus grand intérêt à ce que celle qui possède les richesses et le pouvoir ne soit pas trop oppressive ; ni la classe inférieure trop malheureuse. Le despotisme ou l’anarchie dans le gouvernement menacent également son existence, et par conséquent il n’y a pour elle de sécurité et de sûreté que dans le règne des lois. Sa force, presque toute morale et intellectuelle, s’accroît précisément de ce qu’elle communique de raison et de lumières aux deux autres classes. Car, c’est chez elle que se trouvent, avec les heureuses habitudes du travail et de la modération, un loisir suffisant pour la culture de l’intelligence, un sentiment plus vif, et un besoin plus impérieux de l’estime et de la considération des autres hommes. C’est dans la classe moyenne, enfin, que les passions égoïstes de toute espèce sont plus généralement contenues, et les dispositions généreuses plus constamment encouragées par l’expression franche de l’éloge ou du blâme, résultat naturel et nécessaire de l’égalité. Aussi, dans les crises politiques, compte-t-elle pour auxiliaires tout ce qu’il y a dans la classe supérieure de cœurs droits et d’esprits généreux, tandis que ses rangs sont quelquefois désertés par ceux de ses défenseurs naturels, dont les préjugés ou les passions ont altéré le jugement. xlviij