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tout-à-fait intolérable. De plus, la communauté des biens, celle des femmes et des enfants, produiraient aussi infailliblement, d’une part, l’anéantissement de tout amour du travail, de toute amélioration dans les procédés des arts les plus indispensables à la vie ; et, d’un autre côté, détruiraient tout lien d’affection entre les membres de la république, en étouffant en eux le plus universel et le plus puissant des sentiments de cette espèce, l’amour de la famille, la piété filiale, et la tendresse fraternelle ; et c’est ce qu’Aristote a très-bien démontré.

Seulement, il est juste d’observer que Platon lui-même ne paraît pas avoir proposé son système de gouvernement comme un projet exécutable, au moins dans les institutions particulières qui ont été l’objet de tant de critiques assurément trèsfondées ; il avoue qu’il ne le croit nullement applicable à des créatures humaines, et c’est dire assez qu’il y reconnaissait des inconvénients que sa raison ne pouvait justifier. Car la pensée qu’il a eue, comme il le déclare expressément, de tracer, dans sa République, le modèle purement, idéal de la perfection en ce genre, telle qu’il la concevait, ne l’autorisait pas à admettre ou à proposer des institutions qui sont en opposition avec les sentiments les plus naturels au cœur de l’homme. Mais enfin, ces taches, quoique très-réelles, n’altèrent en rien xl