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presque dans le besoin du bonheur de tous les hommes qui vivent avec nous sous l’empire de ces mêmes lois. Ce sentiment se compose donc, outre les sentiments particuliers que nous venons d’indiquer, de la connaissance distincte des biens dont nous sommes redevables à ces lois protectrices, à cet ensemble d’institutions à l’abri desquelles notre enfance a été nourrie, protégée, enrichie des moyens d’instruction et de bonheur qu’elles nous garantissent ; il constitue pour nous un devoir impérieux d’assurer à ceux qui viendront après nous la même protection, et des moyens encore plus abondants et plus efficaces de lumières et de bonheur.

Nous devons plus de respect et de dévouement à la patrie, dit encore Platon, qu’aux auteurs de notre naissance : la patrie, qui est aussi notre mère, est immortelle ; c’est une divinité pour nous, qui ne sommes que des êtres mortels et périssables[1].

Aussi, après les forfaits commis envers la Divinité, range-t-il ceux qui tendent à dissoudre ou à détruire l’ordre politique. Il veut que tout citoyen qui s’efforce de substituer l’autorité de l’homme à celle des lois, en asservissant l’état au joug des factions, par la fraude ou par la violence, soit re-

  1. Plut. de Legib. l. 5, p. 740.