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DISCOURS

état, que ce qui tend ainsi à le diviser, et qui en fait réellement plusieurs cités au lieu d’une ? Peut-il y avoir un bien plus grand que ce qui en lie entre elles les diverses parties ?

Or, c’est la sympathie, en fait de plaisirs ou de peines, qui produit cet effet : lorsqu’on voit tous les citoyens à peu près également contents ou affligés à l’occasion des mêmes circonstances. Ce qui les divise, au contraire, c’est que les mêmes circonstances générales pour l’état, ou particulières pour les citoyens, puissent causer aux uns une joie excessive, et aux autres une vive affliction. D’où il suit qu’une cité bien ordonnée est celle qui ressemble le plus à un seul homme.

En effet, dit encore ce philosophe, que nous ayons, mal à un doigt, par exemple : l’affection sympathique s’étend, de toutes les parties du corps, jusqu’à l’ame, qui exerce sur lui la suprême autorité. Le tout souffre de la douleur de la partie malade ; et nous dirons, dans ce cas, que l’homme a mal au doigt, ou à toute autre partie de son corps, qui sera ainsi affectée ; et il en sera de même des impressions ou des sensations agréables. C’est ainsi que, dans un état bien réglé, la société toute entière doit ressentir les plaisirs ou les peines de chacun des membres qui la composent (1). Nous retrouvons

(1) Plat. Rep. 1. 5, p. 462. PRÉLIMINAIRE. xxxj

donc