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LIMINAIRE. xxjx

que sa raison approuve, s’il n’a pas, en somme, plus de vertus que de vices ; ou, en d’autres mots, si sa raison ne domine pas les penchants, les désirs, les passions de toute espèce qui agitent et fatiguent sans cesse son existence.

Sous ce rapport donc la cité se présente de nouveau comme un individu, dont le bonheur et la paix ne consistent que dans l’accord de ses volontés particulières avec les lumières de son esprit, et il faut que dans les états, comme dans les individus, tout cet ensemble de déterminations soit ramené le plus qu’il est possible à une sorte d’unité (1). Or, ce n’est pas ce qu’on y observe à beaucoup près, le plus ordinairement. Chacun d’eux, comme le remarque notre philosophe, semble se composer de plusieurs cités distinctes, et souvent hostiles à l’égard l’une de l’autre ; Et d’abord il y a celle des riches et celle des pauvres : ces deux-là peuvent se subdiviser en plusieurs autres, qu’on aurait tort en core de regarder comme fort disposées à s’unir entre elles. Car, si l’on offrait à l’une de ces factions, ou cités diverses, la puissance, les richesses et même les personnes, de quelqu’une de celles qui lui sont opposées, elle trouverait dans toutes les autres beaucoup d’auxiliaires, et bien peu d’ennemis. Cependant, y a-t-il rien de plus funeste pour un

(1) Plat. Rep. l. 4, , p. 422 et 423. XXX