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DISCOURS

ce qui se passe dans une république, ou dans un état considérable, lui sembla ne présenter que les mêmes phénomènes qu’on remarquait dans l’existence de chacun des individus qui les composent, et les présenter sur une plus grande échelle, ce qui devait les rendre plus sensibles, et donner par conséquent plus d’autorité et de certitude aux résultats qu’il obtiendrait de ses méditations.

En effet, il ne saurait y avoir dans la société toute entière, eu fait de facultés ou de tendances primitives et essentielles, que ce qu’il y a dans chaque individu. Le nombre, quel qu’il soit, de ceux qui ont cultivé avec plus de soin leur intelligence, ou chez lesquels cette faculté a naturellement plus d’activité et d’énergie, représentera donc, en quelque sorte, l’intelligence ou la raison de la société elle-même. Il en sera ainsi du nombre incomparablement plus considérable de ceux chez lesquels les passions analogues, soit à la colère, soit aux désirs, sont prédominantes ; ceux-là représenteront, à leur tour, ce qu’il y a d’énergie et de forces, utiles ou nécessaires, nuisibles ou dangereuses, dans cette même société.

Car, si la raison a une prééminence incontestable sur les deux autres facultés, il ne fautpas croire que celles-ci soient entièrement inutiles ; elles sont, au contraire, d’une nécessité indispensable, pour la conservation des états aussi PRÉLIMINAIRE.