Page:Aristote - Politique, Thurot, 1824.djvu/23

Cette page n’a pas encore été corrigée

de ses contemporains qu’à celle de la postérité.

Ses méditations sur la nature humaine l’avaient conduit à reconnaître quelles sont les conditions les plus essentielles au bonheur des individus. Il lui était démontré que ce bonheur se trouve dans un état constant et habituel de paix avec soi-même et avec les autres ; dans le calme d’une conscience pure, qui, en jetant ses regards sur le passé, n’y trouve aucun sujet de repentir ; et, en les portant sur l’avenir, n’y découvre aucun motif de crainte légitime ; dans la culture d’une intelligence dont les jouissances, toujours nouvelles et souvent délicieuses, consistent à aggrandir sans cesse la sphère de nos connaissances, à perfectionner indéfiniment nos facultés, en les faisant servir à améliorer notre destinée, et à contribuer de toutes nos forces au bonheur des autres hommes, mais surtout de ceux avec qui nous vivons dans les relations plus ou moins intimes qui constituent la famille, la cité, la patrie. Il avait reconnu, dis-je, que cet ensemble de conditions peut être regardé comme composant la véritable félicité à laquelle il soit permis à l’homme d’aspirer dans cette vie passagère, en même temps qu’il lui garantit la possession des biens ineffables qui lui sont réservés dans une vie à venir, dont sa raison lui fait entrevoir dès à présent l’immortelle durée. xxij