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DISCOURS

et auprès desquels ils trouvent faveur et protection, aussi nécessairement que le petit nombre de vrais philosophes, qu’on voit, malgré les persécutions auxquelles ils sont en butte, élever leur voix courageuse en faveur de la patrie menacée d’une ruine inévitable par un tel état de choses.

C’est alors, en effet, que Socrate, comme nous l’avons fait voir dans le discours sur la morale (1), opposa aux opinions dépravées qui s’introduisaient de toutes parts dans la Grèce, l’ascendant de sa raison et de ses vertus, le crédit que lui donnaient, auprès des esprits les plus distingués et des ames les plus généreuses, les nobles sentiments qui éclataient dans tous ses discours comme dans toute sa conduite. Socrate ne professait expressément" ni la morale ni la politique ; mais la nature même de ses talents et les habitudes de son esprit avaient dû le porter à méditer profondément sur tous les objets.qui intéressent le bien public, sur le bon ou le mauvais effet des lois qui existaient de son temps, sur les conditions nécessaires pour constituer un état de société qui assure le bonheur des citoyens ; et Xénophon nous apprend, d’une manière indirecte, que les questions de ce genre se présentaient souvent dans le cours des conversations de ce grand homme avec ceux qu’on appela

(1) Voyez tome I, p. xjx—xxij. PRÉLIMINAIRE.