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produit par la guerre médique, la prépondérance que certains peuples, tels que les Athéniens et les Lacédémoniens, obtenaient sur le reste des Grecs, par suite des services éminents qu’ils avaient rendus à la cause commune, amena rapidement une révolution funeste dans les mœurs ; et, comme il arrive toujours en pareil cas, les opprimés ne furent pas plus à l’abri de la corruption que les oppresseurs. Un sentiment faux du bonheur s’empara de toutes les ames ; on ne vit de toutes parts, dans les plus faibles états, comme dans les deux plus puissants, que des hommes avides de pouvoir, et de richesses. La politique, ou l’art de gouverner, devint un charlatanisme honteux, entièrement étranger aux notions les plus communes de la justice et de la morale ; une sorte d’empirisme qui consistait à séduire la multitude, en flattant, par des discours captieux sou ambition, sa vanité et ses passions les plus perverses.. On vit s’introduire dans toute la Grèce, et surtout à Athènes, une multitude d’hommes corrompus, qui avaient fait une étude approfondie de l’art de la parole, appliqué aux délibérations politiques, et qui faisaient profession de l’enseigner à de jeunes ambitieux, qui leur prodiguaient l’or pour prix de cet art mensonger. Car les sophistes naissent en foule sous l’influence des mauvais gouvernements, dont ils propagent ou défendent les maximes désastreuses, xjv