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limitée. Enfin l’esclave est tel par nature, au lieu que nul n’est destiné par la nature au métier de cordonnier, ou à toute autre profession mécanique.

11. Il est donc évident que c’est le maître qui doit être pour l’esclave la cause de la vertu qui lui est propre, et non celui qui posséderait un certain talent pour apprendre aux esclaves à bien faire leur service (1). Aussi ceux qui prétendent que l’esclave est un être dépourvu de raison, et qu’il faut se bornera lui commander ce qu’on exige de lui, ont-ils très-grand tort ; car il est plus nécessaire de diriger les esclaves par de sages conseils, que les enfants eux-mêmes (2). Mais c’est assez s’être étendu sur ce sujet. Quant à ce qui regarde le mari et la femme, le père et les enfants, les vertus propres à chacun d’eux, leur commerce réciproque, ce qui leur est honorable et avantageux, ou, au contraire, ce qui ne l’est pas, et comment ils doivent rechercher l’un et l’autre, il faut nécessairement considérer tous ces objets en détail dans un traité sur le gouvernement.

12. Car, puisque chaque famille est une portion

(1) Plutarque (in Crasso, c. 2, t. 3, p. 298 de l’édit. de Mr Coray) nous apprend que Crassus présidait lui-même à l’instruction de ses esclaves. « Tout doit se faire par leurs soins « disait-il, mais c’est au maître à les régir et à les gouverner « lui-même. »

(2) On croit qu’Aristote fait ici allusion à un passage de Platon (De Legibus, l. 6, p. 777 extr.), dont il fait une censure indirecte.