Page:Aristote - Politique, Thurot, 1824.djvu/134

Cette page n’a pas encore été corrigée


aux cas particuliers ; car on est sujet à se faire illusion à soi-même, quand on se contente de dire, en général, que la vertu consiste dans une bonne disposition de l’ame, ou dans la pratique des bonnes actions, ou toute autre chose de ce genre. Voilà pourquoi ceux qui s’attachent à faire rénumération des vertus particulières, comme Gorgias, s’expriment d’une manière plus satisfaisante, que ceux qui se bornent ainsi à des définitions générales (1). Et, par cette raison, on doit croire qu’il en est de toutes les personnes comme de la femme, dont le poète (2) a dit,

« Un silence modeste ajoute à ses attraits » :

mais ce n’est plus la même chose quand il s’agit d’un homme.

9. Quant à l’enfant, il est facile de comprendre qu’étant, pour ainsi dire, dans un état d’imperfection, la vertu n’est pas en lui absolue ou uniquement relative à lui-même, mais relative à l’homme accompli et à celui qui le dirige ou le gouverne. Il en est ainsi de l’esclave à l’égard du maître ; d’où il suit évidemment qu’il ne lui faut que peu de vertu, et seulement autant qu’il est nécessaire, pour que jamais il ne manque à ses travaux, soit par indocilité, soit par défaut de courage (3).

(1) Voyez la Morale, 1. 2, c. 7, au commencement, to. 1, p. 72 de notre traduction..

(2) Voyez l’Ajax de Sophocle, vs. 293.

(3) La faiblesse et (il faut bien le dire) l’absurdité des raisonnements d’Aristote, sur toute cette question de l’esclavage,

V.