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laquelle en effet s’étend sur la femme et sur les enfants, mais considérés, les uns et les autres, comme libres. Aussi ne s’exerce-t-elle pas alors tout-à-fait de la même manière, mais elle est, à l’égard de la femme, comme un pouvoir politique ou civil, et à l’égard des enfants, comme un pouvoir royal. Car naturellement l’homme est plus fait pour commander que la femme (à moins que cet ordre naturel ne soit interverti dans certains cas et dans certains lieux) ; le plus âgé et le plus accompli doit avoir l’autorité sur celui qui est encore enfant, et dont les facultés sont à peine développées.

2. Toutefois, dans la plupart des magistratures civiles, le pouvoir passe alternativement de ceux qui l’exerçaient d’abord, aux-mains de ceux qui y obéissaient. Car on prétend que l’égalité est du fait même de la nature, et l’on veut qu’il n’y ait aucune différence entre les citoyens ; quoique d’un autre côté, quand l’autorité est le partage des uns, et l’obéissance celui des autres, on tend à introduire des distinctions, soit par la forme des habits, soit par le langage, soit par les honneurs ainsi qu’Amasis le fit entendre [aux Egyptiens] par le discours qu’il leur tint au sujet du vase à laver les pieds (1). Au reste, le rapport de supériorité existe

(1) Hérodote (1. 2, c. 172) raconte ainsi ce trait d’Amasis :

« Lorsqu’il eut succédé au roi Apriès, les Égyptiens le méprisaient. et ne faisaient pas grand cas de lui, comme étant un simple citoyen et d’une famille peu illustre. Mais ensuite,

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