croire qu’il faut, en général, ou conserver ou accroître indéfiniment tout ce qu’on possède d’or et d’argent monnayés.
19. Or, la cause de cette disposition est dans l’importance qu’on attache à vivre, et non pas à bien vivre ; car ce désir étant illimité, on souhaite aussi de multiplier à l’infini les moyens de le satisfaire. Ceux même qui aspirent à bien vivre, recherchent aussi ce qui peut contribuer aux jouissances purement corporelles ; de sorte que comme celles-ci semblent se trouver dans la possession des richesses, ils ne sont occupés que des moyens de se les procurer : et voilà comment s’est introduite l’autre espèce de science de la richesse. Car comme les jouissances [corporelles] se trouvent dans l’excessive abondance, on cherche les moyens propres à les multiplier ; et lorsqu’il est impossible de se les procurer par la science de la richesse, on finit par faire de toutes ses facultés un emploi qui n’est plus conforme à la nature.
20. En effet, le courage n’est pas destiné à nous procurer de l’or, mais il doit nous donner de l’audace et de la confiance. Il en faut dire autant de la science militaire et de la médecine ; l’une a pour Lut la victoire, et l’autre la santé : au lieu que l’on fait de toutes les sciences des moyens de richesses, comme si tel devait être leur but, et que tout dût y concourir. Voilà ce que j’avais à dire de l’espèce de science de la richesse qui n’est pas nécessaire ; j’ai fait voir ce qu’elle est, et quelles causes en ont introduit l’usage. J’ai parlé aussi de l’espèce qui est