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science économique ; au lieu que le négoce produit, à la vérité, de l’argent, mais non pas dans tous les cas : ce n’est que dans celui où l’argent est le but définitif de l’échange. Cette profession semble faire de l’argent son principal objet, puisque alors c’est la monnaie qui est l’élément et le but de l’échange : aussi la richesse qui en résulte n’a-t-elle réellement pas de limites. Car, de même que le but de la mé questions du même genre que celle que traite ici Aristote, l’on entend par nature, l’ensemble des conditions et des moyens dont les hommes disposent, dans un moment donné, pour exécuter de certaines choses ou pour atteindre un certain but (et c’est là sans doute le véritable sens qu’il faut donner à ce mot), alors la nature de l’homme et même celle des sociétés ne sera plus la même dans tous les temps et dans toutes les circonstances ; il faudra reconnaître, au contraire, qn’elle varie sans cesse. Par exemple, il est naturel que les hommes, avant d’avoir institué l’usage de la monnaie, ne se procurent leurs besoins que par la voie des échanges ; mais il est naturel aussi, quand une fois ils ont reconnu l’avantage et l’utilité des métaux précieux, employés comme moyen universel d’échange, que chacun cherche à s’en procurer le plus possible, non pas, sans doute, pour les conserver et les enfouir, mais pour se procurer tous les genres de jouissances qu’on peut désirer : et cette manière de s’enrichir est tout aussi conforme à la nature qu’aucune autre. Au reste, il faut bien observer que la masse de métaux précieux que peut se procurer une nation, ne s’accroît véritablement qu’autant qu’elle accroît et multiplie ses moyens de production, et que lorsque l’or et l’argent monnayés, au lieu d’être employés à rendre la production plus active, le sont à un vain agiotage (soit sur les fonds publics, soit de tout autre genre ), la nation s’apauvrit réellement, quoique plusieurs particuliers puissent faire des fortunes rapides et considérables, parce qu’ils ne font alors que gagner ce que d’autres perdent.