II. 21
nature, qui peut appartenir à un autre (aussi lui appartient-il en effet) (1), et qui ne participe à la raison que dans le degré nécessaire pour modifier sa sensibilité, mais non pour qu’on puisse dire qu’il possède la raison ; car, dans les autres animaux, la sensibilité n’est pas dirigée par la raison, mais ils sont asservis uniquement aux impressions qu’ils reçoivent du dehors.
14. Il y a au fond peu de différence dans les services que nous en tirons ; car les uns et les autres, les esclaves aussi bien que les animaux domestiques, ne nous servent guère que par leurs forces corporelles. La nature a même voulu marquer d’un caractère différent les corps des hommes libres et ceux des esclaves, en donnant aux uns la force convenable à leur destination, et aux autres une stature droite et élevée (2), qui les rend peu propres
sonnement de notre philosophe est, il faut en convenir, fort peu concluant, et l’utilité de l’obéissance pour celui qui obéit est souvent très-douteuse et très-contestable, excepté dans le cas où un être capable de raison se soumet à ce que la raison lui prescrit par l’organe d’un autre être vraiment raisonnable.
(1) Il semble, dit Schneider, qu’Aristote a voulu dire : « Celui-là « est esclave par nature, qui est incapable de conserver son « indépendance, et qui consent à dépendre d’un autre ; aussi lui « appartient-il dès-lors en effet. » On verra plus bas (ch. 5, § 8 et 11) ce que notre auteur veut faire entendre, quand il dit que l’esclave est incapable de raison.
(2) Cette pensée est bien peu philosophique, et porte l’empreinte d’un préjugé qu’on est fâché de voir presque adopté par un homme tel qu’Aristote. Un de ses commentateurs cite cependant à l’appui de notre philosophe, deux vers de Théo