Page:Aristote - Poétique et Rhétorique, trad. Ruelle.djvu/85

Cette page a été validée par deux contributeurs.

haut sont applicables. Dans les ïambes, comme on y cherche surtout à imiter le langage ordinaire, les noms les plus convenables sont ceux dont on fait usage dans le discours parlé, c’est-à-dire le terme propre, la métaphore et l’ornement.


CHAPITRE XXIII


De la composition épique.


I. Voilà qui suffit sur la tragédie et sur l’imitation en action. Quant à la poésie narrative et traitée en hexamètres, il faut évidemment constituer des fables dramatiques comme dans la tragédie, et les faire rouler sur une action unique, entière et complète, ayant un commencement, un milieu et une fin, pour que, semblable à un animal unique et entier, elle cause un plaisir qui lui soit propre. Il faut éviter que les compositions ressemblent à des histoires, genre dans lequel on ne doit pas faire l’exposé d’une seule action, mais d’une seule période chronologique (dans laquelle sont racontés) tous les événements qui concernent un homme ou plusieurs et dont chacun en particulier a, selon les hasards de la fortune, un rapport avec tous les autres.

II. En effet, de même que, dans le temps où fut livrée la bataille navale de Salamine, avait lieu celle des Carthaginois en Sicile, ces deux batailles n’avaient pas le même objet, de même, dans la succession des temps, tel événement prend place après tel autre sans qu’ils aient une fin commune.

III. C’est ce que font la presque généralité des