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un son non significatif de nature à rendre un autre son significatif, composé de plusieurs sons qui, eux, seraient significatifs.

IX. L’article est un son non significatif qui montre ou le début, ou la fin, ou la division d’une proposition ; par exemple, la (locution) je dis[1], le (mot) sur[2], etc.[3]

X. Le nom est un son composé, significatif indépendamment du temps, dont aucune partie n’est significative par elle-même ; car dans les noms doubles nous n’employons pas (une des parties) comme ayant une signification en propre : ainsi, dans le mot Θεόδωρος (Théodore), la partie correspondant à δῶρον (don) n’a pas de sens.

XI. Le verbe est un son composé significatif, comportant une idée de temps et dont aucune partie n’est significative par elle-même, de même que dans les noms. En effet, le mot homme, le mot blanc ne marquent pas le temps, tandis que les mots marche, a marché, comportent, outre leur sens propre, l’un l’idée du temps présent, l’autre celle du temps passé.

XII. Le cas est ce qui, dans un nom ou dans un verbe, marque tantôt le rapport de possession ou de destination, ou tout autre analogue, tantôt celui d’unité ou de pluralité, par exemple, homme ou hommes : ou le rapport de rôle joué, comme, par exemple, s’il s’agit d’une question ou d’une injonction. En effet, cette expression : a-t-il marché ? ou celle-ci : marche, voilà des cas de verbe qui rentrent dans ces variétés.

  1. Φημί. Hartung propose ἀμφί, autour.
  2. Περί. Hermann lit πέπερι.
  3. Les manuscrits ajoutent : « Ou encore un son non significatif, soit au milieu (d’une phrase), » même texte que ci-dessus, lequel n’est sans doute ici qu’une répétition introduite par