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Polyide, le sophiste[1]. Il est naturel que le raisonnement d’Oreste soit que sa sœur a été immolée et que le même sort lui arrive. De même, dans le Tydée de Théodecte, le personnage qui vient comme s’il allait trouver son fils est lui-même mis à mort.

De même encore la reconnaissance qui a lieu dans les Phinéides ; à la vue de la place (?), elles tirèrent la conclusion fatale que leur destin était d’y mourir elles-mêmes, car c’est précisément là qu’elles avaient été exposées[2].

VIII. Il y a aussi une certaine reconnaissance amenée par un faux raisonnement des spectateurs, comme, par exemple, dans Ulysse faux messager. Le personnage dit qu’il reconnaîtra[3] l’arc, que pourtant il n’avait pas vu ; et le spectateur, se fondant sur cette reconnaissance à venir, aura fait un faux raisonnement.

IX. Le meilleur mode de reconnaissance est celui qui résulte des faits eux-mêmes, parce que, alors, la surprise a des causes naturelles, comme dans Œdipe roi, de Sophocle, et dans Iphigénie en Tauride, où il est naturel que celle-ci veuille adresser une lettre. Ces sortes de reconnaissance sont les seules qui aient lieu sans le secours de signes fictifs et de colliers ; après celles-là viennent celles qui se tirent d’un raisonnement.

  1. Poète, musicien et peintre, qui florissait dans la 95° olympiade, vers 400 av. J.-C.
  2. Le manuscrit 1741 met au féminin les enfants de Phinée.
  3. Le texte dit : qu’il connaîtra.