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l’homme ne peut connaître, ou pour tout ce qui doit venir ensuite et qui a besoin d’être prédit et annoncé ; car nous attribuons aux dieux la faculté de voir toutes choses et (pensons) qu’il n’y a rien d’inexplicable dans les faits ; autrement, ce sera en dehors de la tragédie, comme, par exemple, ce qui arrive dans l’Œdipe de Sophocle[1].

X. Mais, comme la tragédie est une imitation de choses meilleures (que nature), nous devons, nous autres[2], imiter les bons portraitistes. Ceux-ci, tout en reproduisant une forme particulière, tout en observant la ressemblance avec l’original, l’embellissent par le dessin. Le poète, de même qu’il représente des gens colères ou calmes et de ou tel autre caractère, doit former un modèle ou d’honnêteté ou de rudesse, comme le personnage d’Achille, chez Agathon et chez Homère.

XI. Il faut observer avec attention ces divers points et, en outre, ce qui s’adresse aux sens dans leurs rapports nécessaires avec la poésie, car on peut faire souvent des fautes à cet égard ; mais nous nous sommes suffisamment expliqué là-dessus dans les livres précédemment publiés[3].

  1. Le meurtre de Laïus par Œdipe et le mariage de celui-ci avec Jocaste.
  2. Lorsque nous composons des tragédies.
  3. Probablement dans les Διδασκαλίαι et dans le traité περὶ τραγῳδιῶν, ouvrages mentionnés par Diogène Laërce (l. V, ch. I, § 12.). Il s’agit de la décoration et de la musique, qui s’adressent aux sens de la vue et l’ouïe.