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Il en faut aussi à titre d’ornement ; en effet, le discours a l’apparence d’une œuvre sans art, s’il n’y en a pas. Tel sera l’éloge des Eléens, par Gorgias, qui, sans préparation, sans passes préliminaires[1], débute immédiatement ainsi : « Élis, heureuse ville!… »


CHAPITRE XV


Des moyens de réfuter une imputation malveillante.


I. En ce qui concerne l’imputation à réfuter, le premier moyen consiste dans les arguments avec lesquels on pourrait détruire une appréciation défavorable ; car il n’importe qu’elle résulte, ou non, des assertions énoncées ; par conséquent, ce procédé s’emploie en toute occasion.

II. Un autre moyen consiste à répondre, sur les faits contestés : ou qu’ils n’existent pas, ou qu’ils ne sont pas nuisibles, ou qu’ils ne le sont pas à la partie adverse, ou qu’ils n’ont pas l’importance qu’elle leur prête, ou qu’il n’y a pas eu injustice, ou qu’elle n’est pas grave, ou qu’il n’y a pas eu d’action honteuse, ou enfin que celle-ci n’était pas d’une grande portée, — car ces questions sont autant de matières à débat.

Citons, par exemple, Iphicrate contre Nausicrate. Il dit avoir accompli l’action que celui-ci met sur son compte, et il ajoute qu’elle a été nuisible, mais non pas injuste. On dira que, si une injustice a été commise, il y a eu compensation ; que, s’il y a eu dommage, l’action, du moins, était honnête ; que, si elle a été déplaisante,

  1. Métaphores empruntées aux gestes des athlètes qui vont lutter.