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le sujet est facile à retenir ; car on peut alors la retrancher pour éviter la prolixité.

IV. Ainsi donc, les parties essentielles sont la proposition et la preuve. Ces parties sont propres (au sujet). Les plus nombreuses qu’il puisse y avoir sont l’exorde, la proposition, la preuve, la péroraison. Les arguments opposés à l’adversaire rentrent dans la classe des preuves. La controverse est le développement des arguments favorables à l’orateur, et, par suite, une partie des preuves, car on fait une démonstration lorsque l’on met en œuvre cette partie ; mais il n’en est pas de même de l’exorde, ni de la péroraison, laquelle a plutôt pour objet de remémorer.

V. Par conséquent, si l’on établit de telles distinctions, ce que fait Théodore, on aura la narration, la narration additionnelle, la narration préliminaire, la réfutation et la réfutation additionnelle ; mais alors il faut nécessairement que celui qui parle d’une espèce et d’une différence établisse autant de dénominations ; sinon, la division est vaine et frivole ; c’est ainsi que procède Lycimnius dans son traité, où il emploie les dénominations de ἐπούρωσις (impulsion)[1] de digression et de rameaux[2].

  1. Littéralement : « Souffle d’un vent favorable. » Cp la définition de l’ἐπούρωσις (sic) donnée par une scolie : « Éléments venant en aide aux enthymèmes, et, d’une manière absolue, tout ce que l’on peut dire à l’appui d’une démonstration. » . (Spengel, Συναγωγἡ τεχνῶν. Artium scriptores p. 89.)
  2. C’est peut-être comme qui dirait le branchage d’un discours ; autrement dit, une série de petites digressions.