Page:Aristote - Poétique et Rhétorique, trad. Ruelle.djvu/367

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

CHAPITRE XIII


De la disposition.


I. Il y a deux parties dans le discours ; car il faut nécessairement exposer le fait qui en est le sujet, puis en donner la démonstration. Aussi personne ne peut se dispenser de démontrer, quand on n’a pas commencé par un exposé. En effet, celui qui démontre démontre quelque chose, et celui qui fait un exorde le fait en vue d’une démonstration.

II. Ces deux parties sont donc : l’une, la proposition[1], l’autre, la preuve ; c’est comme si l’on établissait cette distinction que l’une est la question posée, et que l’autre en est la démonstration.

III. Aujourd’hui (les rhéteurs) établissent des distinctions ridicules, car la narration n’appartient, en quelque sorte, qu’au seul discours judiciaire ; or comment admettre que, pour le genre démonstratif et pour les harangues, une narration, telle qu’ils l’entendent, soit ou bien ce que l’on objecte à la partie adverse, ou l’épilogue (la péroraison) des discours démonstratifs ? L’exorde, la discussion contradictoire et la récapitulation ont leur place dans les harangues, alors qu’il y a controverse : et en effet, l’accusation et la défense interviennent souvent ; seulement, ce n’est pas en tant que délibération. La péroraison, en outre, n’appartient pas à toute espèce de discours judiciaire, à celui, par exemple, qui est de peu d’étendue, ou dont

  1. Πρόθεσις, la position préliminaire de la question