Page:Aristote - Poétique et Rhétorique, trad. Ruelle.djvu/355

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dans l’âme[1]. » Et réellement, les deux mots[2] servent à faire voir quelque chose. — « Nous n’en finissons pas avec les guerres, mais nous les ajournons ; car voilà deux choses qui appartiennent à l’avenir : l’ajournement et une paix faite dans ces conditions[3] ». — C’est comme de dire : « Les traités, ce sont des trophées bien plus glorieux que ceux qu’on recueille dans les guerres ; car ceux-ci, on les obtient pour un faible avantage et par l’effet d’un hasard, tandis que les traités sont le fruit de toute la guerre[4] » En effet, les traités c’est comme les trophées : ils sont, les uns et les autres, des signes de la victoire. — « Les cités, elles aussi, rendent un compte sévère en encourant le blâme des hommes[5] ». Car la reddition de compte est une sorte de dommage émanant de la justice.

Ainsi donc, comme quoi les mots piquants ont leur source dans la métaphore par analogie et dans le fait mis devant les yeux, on vient de l’expliquer.


CHAPITRE XI


Mettre les faits devant les yeux.


I. Il faut dire maintenant ce que nous entendons par un « fait mis devant les yeux » et ce qu’on fait pour qu’il en soit ainsi.

II. J’entends par « mettre une chose devant les yeux » indiquer cette chose comme agissant. Par exemple,

  1. Source inconnue.
  2. φῶς et ἀνῆψεν.
  3. Panégyrique, § 172.
  4. Panégyrique, § 180.
  5. Source inconnue. Cp. Isocrate. Sur la paix, § 126.