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CHAPITRE X


Sur les mots d’esprit.


I. Ces explications données sur ces points, il faut dire en quoi consiste ce qu’on appelle les propos piquants et les mots heureux. Ces propos ont leur source tantôt dans un naturel bien doué, tantôt dans l’exercice. Montrer ce que c’est est du ressort de l’art qui nous occupe. Parlons-en donc dans tous les détails.

II. Le fait d’apprendre aisément est agréable pour tout le monde ; or les mots ont toujours une certaine signification et, par suite, tous les mots qui contribuent à nous enseigner quelque chose sont les plus agréables. Mais le sens des mots étrangers reste obscur et, d’autre part, celui des mots propres est chose connue. La métaphore est ce qui remplit le mieux cet objet ; car, lorsqu’il dit (Homère)[1] que la vieillesse est (comme) la paille, il produit un enseignement et une notion par le genre, l’une et l’autre ayant perdu leurs fleurs.

III. Les images employées par les poètes atteignent le même but. Aussi, pour peu que l’emploi en soit bon, l’élégance se manifeste. En effet, l’image, comme on l’a dit précédemment[2], est une métaphore qui se distingue des autres par une exposition préalable ; de là vient qu’elle est moins agréable, étant trop prolongée. Elle ne dit pas que « ceci est cela » et, par conséquent, l’esprit ne cherche pas même « ceci ».

  1. Odyssée, XVI, 214.
  2. Chap. IV, § 3.