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III. La comédie[1] est revendiquée aussi par ceux du Péloponèse, qui se fondent sur un indice fourni par les noms ; car ils allèguent que chez eux village se dit ϰώμα, et chez les Athéniens dème ; de sorte que les comédiens sont appelés ainsi non pas du mot ϰωμάζειν (railler), mais de ce que, repoussés avec mépris hors de la ville, ils errent dans les villages. Ils ajoutent que agir se dit chez eux δρᾶν, et chez les Athéniens πράττειν.

IV. Voilà pour le nombre et la nature des différences que comporte l’imitation.


CHAPITRE IV


Origine de la poésie. — Divisions primitives de la poésie. — Épopée ; poésie ïambique (ou satirique). — Origine de la tragédie et de la comédie. — Premiers progrès de la tragédie.


I. Il y a deux causes, et deux causes naturelles, qui semblent, absolument parlant, donner naissance à la poésie.

II. Le fait d’imiter est inhérent à la nature humaine dès l’enfance ; et ce qui fait différer l’homme d’avec les autres animaux, c’est qu’il en est le plus enclin à l’imitation : les premières connaissances qu’il acquiert, il les doit à l’imitation, et tout le monde goûte les imitations.

III. La preuve en est dans ce qui arrive à propos des œuvres artistiques ; car les mêmes choses que nous voyons avec peine, nous nous plaisons à en contempler l’exacte représentation, telles, par exemple, que les formes des bêtes les plus viles et celles des cadavres.

  1. Vulgate : τῆς τραγῳδίας — Voir, sur cette phrase, le commentaire de M. Egger sur la Poétique, 2e édition, p. 76.