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CHAPITRE V


Il faut parler grec.


I. La principale condition à remplir, c’est de parler grec. Cela consiste en cinq choses.

II. Premièrement, dans les conjonctions, au cas où l’on veut expliquer qu’elles sont naturellement appelées à se produire au premier rang, comme quelques-uns l’exigent ; de même que μὲν et ἐγὡ μὲν exigent δὲ et ὀ δὲ[1]. Mais il faut, autant que la mémoire le permet, faire correspondre les conjonctions les unes aux autres, en évitant une suspension trop prolongée et le placement d’une conjonction avant celle qui est nécessaire ; car il arrive rarement que ce soit à propos. « Moi, de mon côté, puisqu’il s’est adressé à toi… car Cléon est venu (à moi) me priant, me pressant, — je partis les ayant emmenés avec moi[2]. » En effet, dans cet exemple, on a introduit beaucoup de conjonctions avant celle qui devait venir, et, s’il y a un grand intervalle pour arriver à je partis, le sens est obscur. Donc la première condition c’est le bon emploi des conjonctions.

III. La seconde, c’est d’employer des termes propres et non compréhensifs[3].

IV. La troisième, d’éviter les termes ambigus ; et cela, à moins que l’on ne préfère le contraire, ce que l’on fait lorsque l’on n’a rien à dire et que l’on veut

  1. De même que d’une part et moi de mon côté exigent d’autre part et lui de son côté.
  2. Exemple de conjonctions mal ordonnées.
  3. Qui embrassent un sens trop étendu. Ce n’est pas tout à fait la périphrase, c’est plutôt la généralité.