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certaine corrélation. Exemple : Iphicrate, comme on voulait forcer son fils à remplir et à supporter sa part des charges publiques, bien qu’il ne fût pas encore d’âge, sous prétexte qu’il était grand, s’exprime ainsi : « Si l’on juge que les enfants de grande taille sont des hommes, on devra décréter qui les hommes de petite taille sont des enfants. » De même Théodecte, dans la Loi : « Vous donnez le droit de cité à des mercenaires tels que Strabax et Charidème, en raison de leur probité ; mais alors ne bannirez-vous point ceux des mercenaires qui auront commis des fautes irréparables ? »

XVIII. Un autre se tire de l’éventualité d’après laquelle le fait serait le même, et consiste à dire que la cause serait identique. Exemple emprunté à Xénophane qui disait : « Sont également impies ceux qui disent que les dieux ont pris naissance et ceux qui prétendent qu’ils meurent, car la conclusion de l’une et de l’autre opinion, c’est qu’à un moment donné les dieux n’existent pas. » Il consiste aussi, d’une manière générale, à considérer le résultat de chaque fait comme étant toujours le même : « Vous allez prononcer non pas sur le sort de Socrate ; mais sur l’étude qui l’occupe ; en d’autres termes, décider s’il faut philosopher[1]. » Il consiste encore à dire que « donner la terre et l’eau, c’est se laisser asservir, » ou « participer à la paix commune, c’est exécuter les conditions qu’elle impose[2] ». Seule-

  1. Spengel propose de lire « Socrate », d’après un passage de l’Antidosis, § 173. ; mais peut être ce passage est-il une réminiscence et une application à sa propre cause de l’argument que rapporte Aristote d’après quelque apologie de Socrate ; par exemple, celle de Théodecte (voir Buhle).
  2. Le scoliaste cite à ce propos le passage d’un discours perdu de Démosthène, au sujet de la paix conclue entre tous les Grecs, — les Lacédémoniens exceptés, — et le roi Alexandre, peu de temps après la mort de Philippe, l’an 336 (voir Spengel).