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Et l’autre, argumentant, répond :

Ils ont décidé qu’elle mourrait, mais non pas que je devrais la tuer[1].

Prenons un autre exemple dans le procès de Démosthène et des meurtriers de Nicanor[2]. Comme on avait jugé qu’ils l’avaient tué justement, on trouva qu’il était mort justement.

Voici un autre exemple encore au sujet du personnage qui mourut à Thèbes[3] et sur le cas duquel on prescrivit une enquête, à cette fin de savoir s’il méritait de mourir, étant allégué qu’il n’était pas injuste de tuer un homme dont la mort était juste.

IV.Un autre (lieu) se tire du plus ou moins. Par exemple, si les dieux ne savent pas tout, encore moins les hommes. En effet, voici le raisonnement : si telle chose n’est pas à la disposition de celui qui pourrait plutôt en disposer, elle n’est pas non plus à la disposition de celui qui en dispose moins. Mais celui-ci, que tel homme frappe son prochain qui a frappé son père, est (déduit) de cet autre que, si le moins existe, le plus existe aussi, et dans quelque sens que l’on doive dire soit que le fait existe, soit qu’il n’existe pas.

  1. Théodecte de Phasilis, en Lycie, orateur et poète tragique, disciple de Platon et d’Isocrate, condisciple d’Aristote. Il composa cinquante tragédies et remporta treize fois le prix. — Alphésibée femme d’Alcméon. Celui-ci avait tué sa mère Ériphyle, parce qu’elle avait causé par sa trahison la mort de son époux Amphiaraüs.
  2. Buhle suppose qu’il s’agit d’un Démosthène autre que l’orateur, tué par Nicanor qui, à son tour, aurait été assassiné par les amis de ce Démosthène, lequel serait le général athénien mentionné dans la quatrième Olynthienne ; (Reiske, Oratores attici, t. 1er, p. 4). D’autre part, M. Norbert Bonafous rappelle, à cette occasion, d après Dinarque, les rapports de Démosthène l’orateur avec Nicanor.
  3. Euphron, exilé thébain. Cp. Xénophon, Helléniques, VII, p. 630, ed. Leunclavius.