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Cela est une sentence. Si l’on y ajoute la cause et la raison, le tout formera un enthymème. Exemple :

Car, sans parler des autres effets de leur oisiveté, ils s’attireront l’envie haineuse de leurs concitoyens ;

Et ceci :

Il n’est personne qui soit heureux en tout ;

Et ceci :

Il n’est personne parmi les hommes qui soit libre.

Voilà une sentence, et, avec ce qui suit, un enthymème :

Car on est esclave ou de la richesse, ou de la fortune.

III. Si la sentence est ce que nous avons dit, il s’ensuit nécessairement qu’il y a quatre espèces de sentences. Il y aura des sentences avec épilogue, ou des sentences sans épilogue [1].

IV. Les unes réclament une démonstration : ce sont celles qui expriment une pensée paradoxale ou controversée ; celles qui n’expriment rien de paradoxal ne sont pas accompagnées d’épilogue.

V. Parmi celles-ci, les unes, la question étant connue d’avance, n’ont, par une conséquence nécessaire, aucun besoin d’un épilogue. Exemple :

Le plus grand bien, pour un homme, c’est, à notre avis du moins, de se bien porter.

En effet, ce parait être une opinion commune. Il en

  1. Épilogue (᾿Επίλογος) est pris ici dans le sens de « raisonnement, argument ajouté (à la sentence) ; » c’est l’acception vulgaire du mot épilogues.