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en résulte, mais cette clarté est trop souvent obtenue au détriment de l’exactitude. L’élégance de la forme nous entraîne, elle nous jette contre l’écueil de l’ « à peu près » et là, plus que partout ailleurs, traduttore è traditore.

Nous avons cherché à nous garder contre ces deux conséquences également fâcheuses et, pour les éviter, nous nous sommes inspiré d’un double sentiment : un respect religieux de la pensée aristotélique comme de la forme qu’elle revêt, et une soumission absolue aux légitimes exigences du lecteur français.


Au moment de clore cette préface, il nous reste à remplir le doux devoir de remercier M. Rodolphe Dareste qui, par ses travaux sur l’histoire du droit hellénique et sa traduction des plaidoyers de Démosthène, s’est acquis une si solide et si juste autorité. M. Dareste a bien voulu consacrer quelques-uns de ses rares loisirs à la lecture, la plume à la main, de cette traduction et rectifier les passages où nous avions remplacé, par un mot impropre, le terme technique que réclamait le texte d’Aristote. C’est peut-être dans la traduction des ouvrages didactiques que trouve sa meilleure application cette remarque de La Bruyère : « Entre toutes les différentes expressions qui peuvent rendre une seule de nos pensées, il n’y en a qu’une qui soit la bonne. On ne la rencontre pas toujours en parlant ou en écrivant. Il est vrai, néanmoins, qu’elle existe, que tout ce qui ne l’est point est faible et ne satisfait point un homme d’esprit qui veut se faire entendre. » Les précieux conseils du savant académicien nous ont plus d’une fois dicté ce que nous donnons pour le terme propre. Il n’est pas moins juste de rappeler l’obligeance amicale avec laquelle M. Chassang, au milieu d’occupations multipliées, nous a prodigué les conseils de son expérience et de son goût.

Tout le monde convient que la traduction de la Poétique et de la Rhétorique d’Aristote représente un travail difficile. Nous serions récompensé du nôtre si nous avions réussi à mettre le lecteur en communication avec l’auteur de ces deux chefs-d’œuvre, heureux de faire