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CHAPITRE XVIII


Des traits communs à tous les genres de discours.


I. L’emploi des discours persuasifs a pour objet un jugement, car, sur une question connue et jugée, il n’y a plus besoin de discourir. Mais il y a lieu de le faire, soit que l’on parle à une personne seule pour l’exhorter ou la détourner, comme font, par exemple, ceux qui réprimandent ou veulent persuader. Un juge, pour être seul, ne l’en est pas moins, attendu que celui qu’il s’agit de persuader est, absolument parlant, un juge ; et il en est ainsi, soit qu’il y ait une question à débattre, ou un sujet à développer. En effet, il faut, dans les deux cas, avoir recours à la parole et détruire les arguments contraires, auxquels on répond comme on répond à un contradicteur. Il en est de même dans les discours démonstratifs. En effet, les assistants devant lesquels un (tel) discours est adressé sont assimilés à des juges. Toutefois[1], il n’est de juge, absolument parlant, que celui qui décide les choses mises en question dans les débats civils et politiques [2] ; car toute question débattue porte soit sur une contestation, soit sur un point mis en délibération. Or nous avons déjà parlé précédemment des mœurs qui se rencontrent dans les divers gouvernements, dans le chapitre relatif aux discours délibératifs [3] ; de sorte que l’on pourrait regarder comme déterminé de quelle

  1. On a lu ὅμως.
  2. Πολιτιχός a le double sens de civil et de politique.
  3. Liv. I, chap. VIII.