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admirent et que, dans leur opinion, les autres ont de l’émulation à propos des mêmes objets qu’eux-mêmes. Cette impression, après tout, n’a rien que de naturel, car beaucoup de gens ont besoin de ceux qui possèdent. De là cette réponse de Simonide, sur les sages et les riches, à la femme de Hiéron qui lui demandait lequel valait mieux de devenir sage, ou de devenir riche : « Riche, dit-il, car on voit les sages passer leur vie à la porte des riches. »

III. Ils se croient dignes d’occuper les charges ; car ils croient posséder ce qu’il faut pour les mériter. En somme, la richesse donne les mœurs d’un insensé heureux.

IV. Il y a cette différence, entre les mœurs d’un homme nouvellement riche et celles de l’homme riche d’ancienne date, que, chez les gens nouvellement riches, plutôt que chez les autres, tous les défauts sont plus accentués. Car la condition de l’homme nouvellement riche est comme une richesse mal acquise. Les préjudices qu’ils causent n’ont pas la méchanceté pour mobile, mais un penchant tantôt à l’arrogance, tantôt à l’intempérance, qui les porte soit aux voies de fait, soit au libertinage.


CHAPITRE XVII


Des mœurs des puissants et des heureux.


I. Semblablement aussi, en ce qui concerne la puissance, les mœurs sont, pour la plupart, faciles à reconnaître. Les unes sont, en effet, les mêmes dans la puissance que dans la richesse, et d’autres valent mieux.