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III. La noblesse réside dans la haute valeur de la race ; la générosité, dans le fait de ne pas s’écarter de sa nature. C’est ce qui arrive souvent aux nobles ; beaucoup d’entre eux ont une mince valeur. En effet, il en est des produits de la race humaine comme de ceux de la terre : parfois, si la race est bonne, il surgit, de temps à autre, des hommes supérieurs ; puis elle reprend son mouvement ordinaire de propagation. Les races bien douées finissent par en venir à des mœurs plus insensées. Tels les descendants d’Alcibiade et ceux du premier Denys. Les races d’un caractère solide et posé tournent à la sottise et à l’hébétement ; ainsi la descendance de Cimon, de Périclès et de Socrate.


CHAPITRE XVI


Des mœurs inhérentes à la richesse.


I. Quelles mœurs accompagnent la richesse, tout le monde le voit aisément. On devient arrogant et hautain, sous l’influence de la richesse que l’on acquiert. Les riches s’imaginant qu’ils possèdent tous les biens, leur disposition morale s’en ressent ; car la richesse est, en quelque sorte, le moyen d’appréciation de toutes les autres choses, et, pour cette raison, tout semble pouvoir être acheté.

II. Les riches sont délicats et fastueux : délicats, à cause de leurs habitudes de mollesse et de leur penchant à faire montre de leur prospérité ; fastueux et vains, parce que tous les hommes passent leur vie, d’ordinaire, à rechercher ce qui leur plaît et ce qu’ils