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duction, complétée par celle du livre III. La Rhétorique fut de nouveau traduite par Baudouyn (Paris, 1669, in-12), et par Cassandre en 1675 (in-12). Cette dernière traduction est restée fort estimée, malgré la disposition au moins singulière que lui donna son auteur. Au moyen d’un système de mots en italiques et d’alinéas multipliés, Cassandre a mis en relief presque toutes les idées contenues dans l’auteur grec. Parfois même, il a glissé des interpolations dans son texte, en vue de le rendre plus clair. Citons, par exemple, à la page 408 de l’édition posthume d’Amsterdam (1698) : « Et tout de même en est-il de ce que disoit Cephisodote, lorsqu’il appeloit les galeres des Athéniens des « moulins peints et enjolivez », à raison de ce que, chez les Athéniens, un coquin estoit envoyé aux galeres pour punition, comme chez les particuliers un esclave estoit envoyé au moulin quand il avoit fait quelque friponnerie. » Le texte grec, au même endroit (liv. III, ch. X, § 7), dit simplement : « Céphisodote appelait les trières des moulins ornés. » L’explication de ce passage, à laquelle Spengel a renoncé (éd. de 1867, t. II, p. 406) est assurément ingénieuse dans Cassandre ; peut-être même est-elle admissible, mais ce n’était pas une raison suffisante pour l’insérer dans le corps de la traduction. Notons, en passant, que Meredith Cope (t. III, p. 118) propose une autre explication et voit dans les moulins ornés (parti-coloured « gaily-painted » millstones) l’image de l’oppression des colonies athéniennes sous la domination de la métropole. Par contre, le traducteur Cassandre, quelques lignes plus haut, supprime trois exemples (le mot de Mœroclès, celui d’Anaxandride et celui de Diogène) : le premier, parce qu’il le juge incompris et incompréhensible ; le second et le troisième, sans motif énoncé.

Tout le XVIIIe siècle se contenta de la traduction de Cassandre. En 1822, parut la Rhétorique d’Aristote en grec et en français ; traduction nouvelle par M. Gros, etc., avec des notes et un index des morceaux parallèles de Cicéron et de Quintilien (Paris, Bobée, in-8o). Minoide Mynas, voyageur et philologue hellène et hellénisant, aux recherches et à la main duquel notre Bibliothèque nationale doit une assez nombreuse collection de manuscrits