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aphrodisiaques, mais encore à la vue d’un indice de ces plaisirs ; et non seulement en faisant des choses honteuses, mais rien qu’à en parler.

XXII. Semblablement aussi, nous avons honte non seulement devant ceux que nous avons dit, mais encore devant les personnes dont la vue nous les rappellera ; par exemple, leurs serviteurs, leurs amis.

XXIII. Maintenant, d’une manière générale, nous n’avons honte ni devant ceux pour l’opinion de qui nous n’avons qu’un profond dédain, — en effet, personne ne s’observe devant de jeunes esclaves ou des animaux ; — ni, dans les mêmes circonstances, devant nos familiers ou des inconnus ; mais bien devant nos familiers, dans telles circonstances où la vérité semble intéressée, et devant des étrangers dans celles où la loi est en jeu.

XXIV. Voici encore des situations où l’on pourrait avoir honte : d’abord s’il se trouvait en notre présence quelqu’une des personnes que nous avons dit nous inspirer de la retenue. Tels étaient [1] ceux que nous admirons ou qui nous admirent, ceux de qui nous tenons à être admirés ou auxquels nous avons à demander quelque service que l’on n’obtiendrait pas si l’on ne jouissait pas de leur considération, et cela soit qu’on nous voie (c’est dans ce sens que Cydias, lors de la délibération relative à la clérouchie[2] de Samos, s’exprima devant le peuple. Il prétendait que les Athéniens supposassent les Grecs placés tout autour d’eux pour les observer, et non pas seulement informés du décret qu’ils allaient voter [3], soit que l’on se tienne

  1. §§ 14 et suiv.
  2. Tirage au sort des terres partagées entre les colons.
  3. Thucydide (liv. I) ne parle pas de ce décret, mais Isocrate (Panégyr. d’Ath.) y fait allusion et tâche de justifier les Athéniens. Cydias florissait dans l’ol. CVII (353 av. J.-C.).