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qu’ ils ne recommencent dès qu’ils en auront la faculté, dans la crainte de représailles. Car cette éventualité a été posée[1] comme étant à craindre.

IX. De même les compétiteurs poursuivant un même but qu’ils ne peuvent atteindre tous deux ensemble, car on est toujours en lutte avec les gens placés dans ces conditions.

X. Ceux qui se rendent redoutables à plus puissant que nous le sont aussi pour nous-mêmes, car on pourrait plutôt nous nuire que nuire à des gens plus puissants que nous. Ceux qui redoutent des gens plus puissants que nous sont à craindre, pour la même raison.

XI. Sont encore à craindre ceux qui ont perdu des gens plus puissants que nous, et même ceux qui s’attaquent à des gens moins puissants que nous. En effet, ils sont à craindre dès maintenant, ou le seront quand leur puissance sera devenue plus grande. Parmi les gens qui ont éprouvé un préjudice (par notre fait), qui sont nos ennemis et nos rivaux, ce ne sont pas ceux qui s’emportent et qui éclatent en injures, mais ceux qui sont d’un naturel calme, dissimulé et fourbe ; car ces sortes de gens ne laissent pas voir les coups qu’ils sont près de nous porter et, par suite, on n’est jamais sûr d’en être éloigné.

XII. Tout ce qui est redoutable l’est encore davantage lorsque, une faute étant commise, il n’est aucun moyen de la réparer et que, loin de là, cette réparation ou bien est chose absolument impossible, ou bien n’est pas en notre pouvoir, mais plutôt au pouvoir de nos adversaires.

On a encore des craintes à propos des maux auxquels il n’y a pas de remède, ou bien auxquels il n’y en

  1. § 5.