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savent rien de ce qu’il y a de mauvais dans les affaires du voisin ou dans les nôtres, mais plutôt ce qu’il y a de bon ; car c’est ainsi que se comporte un homme de bien.

XIX. De même ceux qui ne font pas d’opposition aux gens en colère ou très affairés, car cette opposition est un trait de caractère propre aux batailleurs. Nous aimons aussi ceux qui, d’une façon ou d’une autre, s’occupent de nous ; comme, par exemple, ceux qui nous admirent, ceux qui sont empressés auprès de nous, ceux qui se plaisent dans notre société.

XX. Citons encore ceux sur lesquels nous avons fait le plus d’impression par les côtés où nous tenons particulièrement à être admirés nous-mêmes, on paraître avoir de l’importance, ou nous rendre agréables.

XXI. Nous aimons nos pareils et ceux qui poursuivent les mêmes études que nous, pourvu qu’ils ne nous entravent pas et que notre subsistance ne dépende pas de la même occupation ; car, s’il en est ainsi, c’est le cas de dire : Potier contre potier[1].

XXII. Ceux qui ont les mêmes désirs que nous, lorsqu’il nous est loisible d’avoir part à leur satisfaction. Autrement, ce serait encore le même cas.

XXIII. Ceux à l’égard desquels nous sommes dans une disposition telle, que nous ne rougissons pas devant eux de ce qui est contre nous, en apparence, sans avoir néanmoins du mépris pour eux ; et ceux devant qui nous rougissons de ce qui est réellement contre nous.

XXIV. Quant à ceux qui stimulent notre ambition,

  1. Hésiode, Œuvres et jours, vers 95. Ce vers est encore cité, chap. X, § 6.