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LIVRE II, CHAPITRE II

on pense alors qu’ils nous dédaignent, car leur procédé revient à cela. De même contre ceux qui ne rendent pas le bien pour le bien et qui n’ont pas une reconnaissance égale au service rendu.

XVII. Contre ceux qui nous font de l’opposition, s’ils nous sont inférieurs. Les uns et les autres donnent une marque de leur mépris ; les uns, comme s’ils avaient affaire à des gens qui leur seraient inférieurs ; les autres, comme si les services rendus leur venaient de gens au-dessous d’eux.

XVIII. De même, et encore davantage, contre ceux qui ne jouissent d’aucune considération lorsqu’ils donnent quelque marque de mépris : et en effet, la colère est excitée, dans ce cas, par un manque d’égards qui est, en même temps, une inconvenance ; or il y a inconvenance lorsque les inférieurs témoignent du mépris.

XIX. Contre les amis, si leurs discours ou leurs procédés ne nous sont pas favorables, et encore davantage si les uns et les autres nous sont contraires ; s’ils n’ont pas le sentiment de ce que nous attendons d’eux, ce qui cause l’irritation du Plexippe[1] d’Antiphon contre Méléagre ; car ne pas avoir ce sentiment, c’est la marque d’un manque d’égards. Nous ne perdons pas de vue ce qui nous inspire de l’intérêt.

XX. Contre ceux qui se réjouissent de notre malheur, ou, généralement, contre ceux qui gardent leur tranquillité d’âme en présence de nos infortunes ; car c’est l’indice d’une disposition hostile ou méprisante. Contre ceux qui ne prennent pas souci de notre peine ;

  1. Plexippe, un des deux oncles de Méléagre, qui les fit périr parce qu’ils lui disputaient la hure du sanglier qu’il venait de tuer, outré sans doute de ce qu’ils ne la lui avaient pas laissée.