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IV. De même, si l’on a commis l’injustice seul, ou le premier, ou avec un petit nombre de complices. C’est encore une chose grave que de tomber souvent dans la même faute ; de commettre une action telle, que l’on ait à chercher et à trouver contre son auteur de nouvelles mesures préventives et répressives. Ainsi, par exemple, dans Argos, on inflige une peine particulière à celui qui a occasionné l’institution d’une nouvelle loi ou à ceux qui ont donné lieu à la construction d’une prison.

V. L’acte injuste est d’autant plus grave qu’il se produit d’une façon plus brutale, ou avec plus de préméditation ; de même celui dont le récit inspire plus de terreur que de pitié. Il y a des moyens oratoires dans ces affirmations que l’accusé a enfreint ou transgressé presque toutes les règles de la justice, telles que serments, démonstrations d’amitié[1], foi jurée, lois de mariage, car c’est là une accumulation d’actions injustes.

VI. L’injustice est plus grave, commise dans le lieu même où les auteurs d’actions injustes sont punis. C’est celle que commettent les faux témoins. Car en quel lieu n’en commettraient-ils point s’ils s’en rendent coupables jusque dans l’enceinte du tribunal ? De même lorsqu’il y a surtout déshonneur à la commettre ; et encore si l’on fait tort à celui de qui l’on a reçu un avantage. Car, dans ce cas, on est injuste à plusieurs titres ; d’abord en faisant du mal, puis en ne rendant pas le bien pour le bien.

VII. De même lorsqu’on agit contrairement à des règles de justice, non inscrites dans la loi. Car on est d’autant plus honnête que l’on pratique la justice sans obéir à une nécessité ; or les obligations écrites

  1. Données en touchant la main.