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X. Toutes ces questions reviennent à celle de savoir s’il a été accompli un acte injuste et mauvais, ou un acte non injuste. C’est là-dessus que porte le débat, car c’est dans la préméditation que réside le caractère malfaisant et injuste de l’acte ; or l’idée de préméditation est accessoirement contenue dans les dénominations telles que celles d’outrage et de vol. En effet, il n’est pas dit du tout, parce que l’on a donné des coups, que l’on a voulu outrager ; mais ce sera seulement si on les a donnés avec une intention : par exemple, celle de déshonorer la personne, ou de se procurer une satisfaction à soi-même. Il n’est pas dit du tout, parce que l’on a pris quelque chose, qu’il y a eu vol ; mais il y aura eu vol seulement au cas où l’on aura pris afin de faire tort et de s’approprier personnellement ce qu’on a pris. Il en est des autres cas de même que de ceux qu’on vient de voir.

XI. Mais comme les choses justes, ainsi que les choses injustes, sont, on l’a vu[1], de deux espèces, c’est-à-dire ce qui est écrit et ce qui ne s’écrit pas, quant aux affaires au sujet desquelles les lois statuent, nous nous en sommes expliqués. Pour les choses non écrites, elles sont de deux espèces.

XII. Les unes sont celles qui se produisent par excès de vertu ou de vice et qui provoquent les invectives et les éloges, les honneurs et les affronts, puis enfin, les présents ; comme, par exemple, d’avoir de la reconnaissance pour celui qui nous a fait du bien et de répondre par une obligeance à celle que l’on a eue ; d’être secourable à ses amis et toutes les choses analogues. Les autres choses non écrites correspondent à ce qui manque dans la loi particulière et dans la loi écrite ; car ce qui est équitable semble être juste.

  1. § 2.