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précède, en quoi consistent les dommages, car on a distingué précédemment les biens et les maux pris en eux-mêmes et montré, quant aux actes spontanés, que ce sont tous ceux que l’on accomplit en connaissance de cause.

VII. Il suit de là, nécessairement, que tous les faits imputés sont accomplis soit par rapport à la communauté, soit par rapport à l’individu, ou bien encore à l’insu de la personne accusée, ou malgré elle, ou avec son consentement et à sa connaissance, et, parmi ces faits imputés, les uns sont prémédités, et les autres inspirés par la passion.

VIII. On parlera du ressentiment (θυμός) dans le morceau relatif aux passions[1]. Quant à la nature des déterminations et à la disposition morale de ceux qui les prennent, on s’en est expliqué précédemment[2].

IX. Mais, comme il arrive souvent que, tout en reconnaissant que l’on est l’auteur du fait incriminé, on n’admet pas la qualification dont il est l’objet, ni l’application de cette qualification au cas présent (par exemple, on conviendra d’avoir pris, mais non d’avoir volé ; d’avoir été le premier à frapper, mais non à outrager ; d’avoir des relations intimes, mais non de commettre l’adultère ; ou encore d’avoir volé, mais non commis un sacrilège, l’objet dérobé n’appartenant pas à un dieu ; d’avoir travaillé un champ, mais non un champ public ; d’avoir conversé avec les ennemis, mais non d’avoir trahi), par ces motifs, il faudrait aussi, à ce sujet, donner la définition du vol, de l’outrage, de l’adultère, afin que, si nous voulons montrer, suivant le cas, ou que le fait existe, ou qu’il n’existe pas, nous puissions en dégager clairement le caractère de justice.

  1. Livre II, chap. II.
  2. Chap. X, § 12.