Page:Aristote - Poétique et Rhétorique, trad. Ruelle.djvu/186

Cette page a été validée par deux contributeurs.

XXXI. De même ceux que l’on aura préjudiciés pour pouvoir prendre à leur égard un grand nombre de mesures de justice, ce qui est un moyen commode de remédier au mal. C’est ainsi que Jason, le roi thessalien, dit qu’il faut commettre quelques actes injustes, afin de pouvoir accomplir un grand nombre d’actes de juste réparation[1].

XXXII. On fait aussi le mal que tout le monde ou le grand nombre fait habituellement ; car on croit en obtenir le pardon.

XXXIII. On prend les choses faciles à cacher et celles qui sont promptement consommées, comme les objets d’alimentation, ou celles dont on modifie aisément les formes, ou les couleurs, ou la composition.

XXXIV. De même les choses qu’il est facile de dissimuler en beaucoup de circonstances. Telles sont celles que l’on peut transporter sans difficulté et qui se dissimulent, tenant peu de place.

XXXV. De même celles qui ressemblent, sans distinction possible, à ce que l’auteur du préjudice possédait déjà en grande quantité ; celles au sujet desquelles l’on a honte de se dire préjudicié, comme, par exemple, les outrages subis par son épouse, ou par soi-même, ou par son fils ; celles qui donneraient au poursuivant l’apparence d’aimer les procès. Sont de cette sorte les griefs de peu d’importance, ou sur lesquels on passe condamnation.

Voilà, ou peu s’en faut, la disposition où se trouvent ceux qui causent un préjudice, la nature du préjudice lui-même, les personnes qu’il atteint et les motifs qui le déterminent.


    scoliaste d’Aristote nomme la cité en question ; d’après lui, ce serait Géla.

  1. Cp. Plutarque, Reip. ger. praecepta, § 24.