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avantages c’est obtenir ce que l’on désire, et en procurer, c’est, tout ensemble, posséder, et posséder en surcroît deux choses que l’on recherche. Mais, par cela même qu’il est agréable de procurer des avantages, il l’est pareillement, pour l’homme, de corriger ses semblables et de compléter les travaux inachevés.

XXIII. Comme il est agréable d’apprendre et de s’étonner, ainsi que de faire d’autres choses analogues, il en résulte nécessairement que ce qui est imitation l’est aussi ; comme, par exemple, la peinture, la statuaire, la poétique et tout ce qui est une bonne imitation, lors même que ne serait pas agréable le sujet même de cette imitation ; car ce n’est pas ce sujet qui plaît, mais plutôt le raisonnement qui fait dire : « C’est bien cela, » et par suite duquel il arrive que l’on apprend quelque chose.

XXIV. On trouve aussi du charme dans les péripéties et dans le fait d’échapper tout juste à des dangers, car tout cela cause de l’étonnement.

XXV. Comme ce qui est conforme à la nature est agréable, et que les êtres qui ont une affinité naturelle le sont entre eux, tous ceux qui sont congénères et semblables se plaisent mutuellement, d’ordinaire ; comme, par exemple, l’homme à l’homme, le cheval au cheval, le jeune homme au jeune homme. De là ces proverbes : « On se plaît avec ceux de son âge[1] » ; et : « On recherche toujours son semblable[2] » ; et encore : « La bête connaît la bête » ; ou bien : « Toujours[3] le

  1. Ce proverbe est aussi dans le Phèdre de Platon, p. 240 c ; voir le vers entier, dans les scoliastes, sur ce passage du Phèdre (Platon, éd. Didot, t. III, p. 316 b).
  2. Hom., Od., XVIII, 218.
  3. Cp. Morale à Eudème, VIII, 1. et Plutarque, De placit. philos., IV, 19.