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XXV. La victoire et les honneurs font partie des choses belles ; car on les recherche lors même qu’ils ne doivent pas nous profiter, et ils font paraître une vertu supérieure. Quant aux témoignages commémoratifs, ceux qui ont un caractère spécial sont préférables ; de même ceux qu’on décerne à un personnage qui n’existe plus, ceux dont l’attribution est accompagnée d’un hommage solennel[1], ceux qui se distinguent par leur importance. Sont plus beaux aussi ceux qui s’adressent à un seul, car leur caractère commémoratif est plus marqué. Ajoutons-y les possessions qui ne rapportent rien, car elles dénotent plus de désintéressement.

XXVI. Les choses sont belles qui appartiennent en propre à tous les individus de chaque classe, et toutes celles qui sont les signes de ce qu’on loue dans chaque classe d’individus ; par exemple, la chevelure est une marque noble à Lacédémone, car c’est un signe de liberté ; en effet, il n’est pas facile, avec toute sa chevelure, de remplir un emploi de mercenaire.

XXVII. Il est beau aussi de ne se livrer à aucune profession grossière ; car c’est le propre d’un homme libre de ne pas vivre à la solde d’un autre.

XXVIII. Il faut prendre aussi (pour arguments) les qualités qui touchent à celles qui existent réellement pour les identifier en vue de l’éloge ou du blâme ; par exemple, d’un homme prudent faire un peureux et de celui qui a du cœur un homme agressif ; par contre, d’une âme simple faire un honnête homme et d’un apathique un homme facile à vivre.

XXIX. Il faut toujours prendre, dans chaque caractère, le trait qui l’accompagne, interprété dans le sens

  1. Tel, par exemple, qu’un sacrifice, une fête, etc.