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choses servant à faire pratiquer la vertu sont de belles choses, ainsi que celles qui sont produites par la vertu. Ce caractère est propre aux manifestations de la vertu et de ses actes.

XV. Mais, comme les manifestations (de la vertu) et toutes les choses qui ont le caractère d’action accomplie ou de traitement subi pour le bien sont des choses belles, il s’ensuit, nécessairement, que tous les actes de courage, toutes les manifestations du courage, toutes les opérations exécutées d’une manière courageuse sont autant de choses belles ; — que les choses justes, ce sont aussi des actions accomplies avec justice, mais non pas tous les traitements subis (justement). En effet, par une exception propre à cette seule vertu (la justice), ce qui est subi justement n’est pas toujours beau, et, en fait de punition, il est plutôt honteux d’encourir celle qui est justement infligée que celle qui le serait injustement. Il en est des autres vertus comme de celles dont nous avons parlé précédemment.

XVI. Les choses dont l’honneur est le prix sont aussi des choses belles ; de même celles qui rapportent plutôt de l’honneur que de l’argent, et toutes celles que l’on fait en raison d’une détermination désintéressée.

XVII. Sont encore des choses belles, absolument, celles que l’on accomplit pour la patrie, sans avoir souci de sa propre personne ; celles qui sont naturellement bonnes, sans l’être pour celui qui les fait, car, autrement, il les ferait par intérêt personnel.

XVIII. De même celles qui peuvent profiter à un mort plutôt qu’à un vivant. Car ce que l’on fait dans son propre intérêt s’adresse plutôt à une personne vivante.

XIX. De même encore tous actes accomplis dans