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et il arrivera que, tout en traitant ces questions, nous ferons voir, en même temps, par quels moyens nous donnerons telle ou telle idée de notre caractère moral ; ce qui est, on l’a vu[1], la seconde espèce de preuves. En effet, nous aurons les mêmes moyens à employer pour nous rendre et pour rendre tel autre digne de confiance par rapport à la vertu.

II. Mais, comme il nous arrive souvent de louer, avec ou sans intention sérieuse, non seulement un homme ou un dieu, mais même des êtres inanimés et le premier animal venu, il faut, ici encore, faire usage des propositions. Insistons là-dessus, à titre d’exemple.

III. Le beau, c’est ou ce que l’on doit vouloir louer pour soi-même, ou ce qui, étant bon, est agréable en tant que bon. Or, si c’est là le beau, il s’ensuit nécessairement que la vertu est une chose belle ; car c’est une chose louable parce qu’elle est bonne.

IV. La vertu est, ce nous semble, une puissance capable de procurer et de conserver des biens, et aussi capable de faire accomplir de bonnes actions nombreuses, importantes et de toute sorte et à tous les points de vue.

V. Les parties (variétés) de la vertu sont : la justice, le courage, la tempérance, la magnificence, la magnanimité, la libéralité[2], la mansuétude, le bon sens, la sagesse.

VI. Les plus grandes vertus sont nécessairement celles qui ont le plus d’utilité pour les autres, puisque la vertu est une puissance capable d’accomplir de bonnes actions. C’est pour cela que l’on honore par-dessus tout les justes et les braves ; car la première de ces vertus rend des services durant la paix, et la seconde

  1. Chap. II, § 3.
  2. ᾿Ελευθεριότης c’est aussi le désintéressement.