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III. Il y a quatre espèces de gouvernement : la démocratie, l’oligarchie, l’aristocratie, la monarchie ; de sorte que l’autorité qui gouverne et celle qui prononce des jugements se composent toujours d’une partie ou de la totalité des citoyens[1].

IV. La démocratie est le gouvernement dans lequel les fonctions sont distribuées par la voie du sort ; l’oligarchie, celui où l’autorité dépend de la fortune ; l’aristocratie, celui où elle dépend de l’éducation ; je parle ici de l’éducation réglée par la loi, car ce sont ceux qui ont constamment observé les lois à qui revient le pouvoir dans le gouvernement aristocratique ; or, c’est en eux que l’on doit voir les meilleurs citoyens, et c’est de là que cette forme de gouvernement[2] a pris son nom. La monarchie, comme son nom l’indique aussi, est le gouvernement où un seul chef commande à tous. Il y a deux monarchies : la monarchie réglée, ou la royauté, et celle dont le pouvoir est illimité, ou la tyrannie.

V. On ne doit pas laisser ignorer la fin de chacune de ces formes gouvernementales ; car on se détermine toujours en vue de la fin proposée. La fin de la démocratie, c’est la liberté ; celle de l’oligarchie, la richesse ; celle de l’aristocratie, la bonne éducation et les lois ; celle de la tyrannie, la conservation du pouvoir. Il est donc évident qu’il faut distinguer les mœurs, les lois et les intérêts qui se rapportent à la fin de chacun de ces gouvernements, puisque la détermination à prendre sera prise en vue de cette fin.

VI. Comme les preuves résultent non seulement de la démonstration, mais aussi des mœurs (et en effet, nous accordons notre confiance à l’orateur en

  1. Τούτων, littéralement de tels ou tels membres (d’un État).
  2. ῾Ο ἄριστος, le meilleur.