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générale, et le second lorsque cette opinion est celle de personnes autorisées et connaissant la question.

XXIX. Il y a un avantage tantôt dans tel bien plus grand auquel tout le monde participe, car il y a déshonneur à ne pas en être participant ; tantôt dans le bien auquel personne ne participe, ou qui n’a qu’un petit nombre de participants, car il est plus rare.

XXX. Sont plus grands aussi les biens plus dignes de louange, car ils sont plus nobles. De même les biens qui nous procurent plus d’honneur (car l’honneur qu’on nous fait est une sorte d’estimation de notre valeur). — et les choses dont les contraires donnent lieu à une peine plus sévère.

XXXI. Ajoutons-y ce qui est plus grand que des choses reconnues pour grandes ou paraissant telles. Or les choses que l’on divise en plusieurs parties paraissent plus grandes, car la différence en plus parait alors répartie sur un plus grand nombre d’objets. C’est ainsi que le Poète fait énumérer à la femme de Méléagre, qui veut persuader au héros d’aller au combat, tous les maux qui accablent les citoyens d’une ville prise d’assaut :

La population périt ; le feu réduit la cité en cendres ;
L’ennemi emmène les enfants…[1]

On peut encore avantageusement rassembler et amplifier (les idées) comme le fait Épicharme, et cela dans le même but qui faisait diviser tout à l’heure, car de cette réunion résulte une amplification sensible, et par cet autre motif qu’on trouve là le principe et la source de grands effets.

  1. Homère, Il., IX, 592. La citation faite par Aristote contient plusieurs variantes qui auraient mérité d’être prises en considération par les éditeurs de l’Iliade.