Page:Aristote - Poétique et Rhétorique, trad. Ruelle.djvu/147

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pour la même raison, dans le même rapport avec ces choses.

XXI. Ce que jugeraient ou ce qu’auraient jugé être un plus grand bien les hommes de sens, ou le consentement unanime, ou le grand nombre, ou la majorité, ou les hommes les plus influents, ce doit être nécessairement cela, soit qu’ils en aient décidé ainsi d’une façon absolue, ou bien en raison de leur compétence personnelle. Ce critérium s’applique communément aussi aux autres questions[1]. Et en effet, la nature, la quantité, la qualité d’une chose donnée seront telles que le diront la science et le bon sens. Mais c’est des biens que nous avons entendu parler. Car nous avons défini le bien[2] ce que choisiraient tous les êtres qui seraient doués de sens. Il est donc évident que le mieux aussi sera ce que le bon sens déclarera préférable.

XXII. Le mieux est encore ce qui appartient aux meilleurs, soit d’une façon absolue, soit en tant que meilleurs ; par exemple, le courage inhérent à la force. C’est encore ce que choisirait un homme meilleur, soit absolument, soit en tant que meilleur ; par exemple, de subir une injustice plutôt que d’en faire une à autrui ; car c’est le parti que prendrait un homme plus juste.

XXIII. C’est aussi ce qui est plus agréable, à la différence de ce qui l’est moins ; car tous les êtres sont à la poursuite du plaisir et désirent la jouissance pour elle-même ; or, c’est dans ces termes qu’ont été définis le bien et la fin. Une chose est plus agréable, soit qu’elle coûte moins de peine, soit que le plaisir qu’elle cause dure plus longtemps.

  1. Aux questions autres que celles du bien, ou plutôt du mieux.
  2. Chap. VI, § 2.