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faut parler du bien plus grand et de ce qui est plus utile.

II. Ce qui surpasse se compose d’une quantité égale et de quelque chose encore ; or ce qui est surpassé est contenu (dans ce qui surpasse). Une qualité ou une quantité plus grande l’est toujours par rapport à une autre plus petite. Grand et petit, beaucoup et peu sont des termes qui se rapportent à la grandeur de nombre d’objets. Ce qui surpasse est grand ; ce qui est en défaut est petit. Même rapport entre beaucoup et peu.

III. Donc, comme nous disons que le bien est la chose que nous devons adopter pour elle-même et non en vue d’une autre chose, et encore ce à quoi tendent tous les êtres[1], et ce que pourraient adopter tous les êtres doués d’intelligence et de sens, et la faculté d’accomplir et de conserver, ou encore la conséquence de cette faculté, et la chose qui détermine la fin de nos actes ; comme, d’autre part, la fin, c’est ce en vue de quoi s’accomplissent les autres actes ; que ce qui est bon pour tel individu est ce qui subit une action de cette nature par rapport à cet individu, il s’ensuit, nécessairement, que les quantités plus grandes que l’unité ou que les quantités moindres, comparaison faite de l’unité et de ces quantités moindres, ce sera un plus grand bien. En effet, ce bien surpasse ; or ce qui est contenu (dans le premier terme) est surpassé.

IV. Si le plus grand (individu d’une espèce) surpasse le plus grand individu (d’une autre espèce), tel individu (de la première espèce) surpassera tel autre (de la seconde) ; et (réciproquement), si tous les individus (d’une espèce surpassent) ceux (d’une autre), le

  1. Cp. chap. VI, § 2.